
Le matérialisme spirituel est un concept du tibétain Chögyam Trungpa, issu de son observation de la pratique spirituelle en Occident. Voici comment il le définit, je le cite : « … nous pouvons nous illusionner en pensant que nous nous développons spirituellement, alors qu’en fait nous usons de techniques spirituelles pour renforcer notre ego. Cette distorsion fondamentale mérite le nom de matérialisme spirituel. »*
Nous vivons dans une société qui nous incite à trouver plus de plaisir, plus de confort, plus de sécurité pour satisfaire notre ego afin de se sentir bien, maintenant, dans un environnement matériel. Si nous n’y prenons pas garde nous pouvons utiliser la spiritualité comme un moyen également pour trouver plus de confort, plus de paix, plus de santé mais d’un point de vue uniquement matériel.
Par exemple, au lieu d’utiliser des anxiolytiques pour chasser le stress ou l’angoisse on peut se tourner vers la pratique de la méditation afin de trouver une certaine sérénité. On adopte une posture corporelle, on répète des phrases ou on se concentre sur des concepts spirituels pour nous aider à chasser le trouble. On utilise la méditation comme une technique pour améliorer un corps stressé en un corps plus détendu. On reste alors au niveau de l’ego, c’est-à-dire d’une vision matérielle de la vie : je me débarrasse d’un corps matériel stressé au profit d’un corps matériel en paix.
Au contraire la véritable spiritualité affirme la totalité de l’Esprit ce qui permet de nous détourner résolument de la matérialité. Pour cela il nous faut nier catégoriquement que la matière soit la base de la vie. L’Esprit est à la matière ce que la lumière est à l’obscurité. Plus on prend conscience que l’Esprit est Tout-puissant, tout pouvoir, le seul pouvoir, plus la compréhension de cette vérité puissante insuffle un effet guérisseur à la prière et nous permet de grandir spirituellement au-delà… d’un matérialisme spirituel !
* Pratique de la voie tibétaine, Au-delà du matérialisme spirituel, Chögyam Trungpa, Éditions du Seuil