
Une certaine conception de la religion chrétienne insiste sur le péché originel, le mal présent en nous, conception d’ailleurs absente des Évangiles et des textes des premiers siècles du christianisme. Cette tendance négative a été reprise par les sciences humaines qui présentent l’homme comme fondamentalement violent et égoïste.
Deux chercheurs de l’université de Leipzig ont fait une expérience dans laquelle ils demandent à des parents de venir avec leur bébé d’environ 14 mois. Le bébé est placé dans un univers qu’il ne connaît pas, mais afin qu’il soit rassuré, ses parents restent dans la pièce avec lui mais sans intervenir, ni parler, ni donner d’indication.
Dans la pièce il y a un placard dont les portes sont fermées. Un jeune homme entre, les bras chargés de boîtes, et avance vers le placard avec l’intention d’ouvrir la porte pour y ranger ses boîtes. Les bras chargés, il n’y arrive pas. Il recule, on sent qu’il est énervé, puis finalement il abandonne et regarde le placard d’un air dépité, les bras toujours encombrés des boîtes.
Le bébé observe la scène et finalement avance pour ouvrir le placard et regarde l’homme d’un air de dire : « tu vois, c’est ouvert ». Dans certaines séances, le bébé ne sait pas encore marcher… et va pourtant ouvrir à quatre pattes. Dans un lieu qu’ils n’ont jamais vu, face à une situation à laquelle ils n’ont pas été formés les bébés testés vont spontanément porter secours.
Les chercheurs ont compliqué la situation, soit en mettant des obstacles que le bébé doit franchir, soit en entourant le bébé de jouets. Lorsque l’homme entre les bras chargés de boîtes, le bébé est très occupé, il découvre ses nouveaux jouets. Malgré cela, il se lève quand même et il va aider.
Les chercheurs en concluent que l’éducation à la socialisation, au comportement altruisme, ne doit pas partir de l’idée qu’il faut déformer les tendances naturellement égoïstes de l’enfant, mais au contraire s’appuyer sur ses tendances innées à l’altruisme.*
Nelson Mandela, malgré tout ce qu’il a subit, l’a très bien perçu également, en effet il écrit : « Même au pire moment de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre. »**
Il est vrai que nous vivons à une époque où nous sommes submergés par un flot d’infor-mations qui nous présente un monde très noir, pétri de violence et d’égoïsme. Les médias nous ne présentent jamais les actions de bonté qui pourtant existent bel et bien. A nous d’être attentif, de ne pas nous laisser envahir par toutes ses informations qui nous font croire que l’homme n’est qu’égoïste et violent. A nous de cultiver la bonté, de l’aimer, de la rechercher chez notre prochain.
* Jacques Lecomte La Bonté humaine, Altruisme, empathie, générosité, Ed. Odile Jacob
** Nelson Mandela Un long chemin vers la liberté, Ed. Livre de Poche