
En effet, la première année, il ne se passe rien, aucune tige ne daigne sortir du sol, pas la moindre pousse. La deuxième année, non plus. La troisième ? Pas davantage. La quatrième, alors ?... Rien ! Ce n’est que la cinquième année que le bambou pointe enfin le bout de sa tige hors de terre. Mais il va alors pousser de douze mètres en une seule année !
Que s’est-il passé ? La raison est simple, durant cinq ans, alors que rien ne se produit en surface, le bambou développe de prodigieuses racines dans le sol grâce auxquelles, le moment venu, il est en mesure de grandir très rapidement.
Le bambou chinois nous enseigne plusieurs choses des plus importantes. D’abord il nous montre que ce n’est pas parce que nous ne voyons rien qu'il ne se passe rien. Ensuite, il indique que certains changements brusques ou parfois instantanés peuvent être le résultat d’une lente évolution qui, elle, ne nous est pas perceptible.
En matière d’éducation, par exemple, certains enfants progressent de façon constante et régulière, tandis que d’autres semblent stagner, ne pas évoluer, accumuler du retard. Pourtant parmi ces derniers se trouvent souvent des
« enfants bambous » qui parvenus à un certain stade de leur imperceptible maturation intérieure, vont soudain faire des pas de géant dans leur évolution, rattrapant et parfois dépassant ceux d’après lesquels on les jugeait en retard.
A titre d’exemple, on raconte qu’Einstein n’a parlé qu'à trois ans et qu'à sept,
il était considéré comme « attardé »…
Il nous faut faire confiance dans nos qualités profondes qui nous viennent de l’intelligence divine. Ce ne sont autant de petites graines qui ont pour nom la perfection, l’harmonie, la bonté, la constance, la compréhension, la santé, l’équilibre, l’énergie, la beauté, la sagesse, la raison, l’humilité, l’action, la domination… Elles sont en nous, en profondeur. Elles sont actives et nous façonnent même si nous n’en sommes pas toujours conscients. Tout comme la graine de bambou, les racines sont profondes, se développent continuellement. Parfois, il faut être patient, non dans la crainte de manquer de quelque chose, mais dans la certitude que tout est à l’œuvre, en nous, même si rien ne semble
se manifester comme on le souhaiterait.
Il est vrai que nous vivons à une époque qui a le culte de l’immédiateté à outrance – « Tout, tout de suite, sans efforts ! » L’allégorie du bambou chinois nous enseigne la persévérance, le travail à long terme, le refus de la résignation. Il nous faut persévérer même en l’absence de preuves tangibles de l’utilité de
ce que nous faisons. Tirant sa force de ses puissantes racines, la pousse spectaculaire du bambou chinois le met rapidement à l’abri des prédateurs. Alors que les végétaux qui pointent trop tôt leurs vaillantes mais frêles petites pousses, peuvent vite devenir les amuse-gueule d’un herbivore ou la proie d’insectes ou être piétiné par le premier humain venu…
Ayons confiance dans nos qualités spirituelles qui nous nourrissent, nous façonnent, nous font vivre et exister, nous donnant force et énergie dans
tout ce que nous entreprenons.